Frédéric Rochet
« Le monde d’après, nous l’aurions imaginé avec moins de pauvres qu’avant ». Voilà ce qu’on pouvait lire lors de la pandémie du Covid19, sur une affiche des Restaurants du cœur. Une façon de dire que le monde d’après ressemble au monde d'avant mais en pire.
Pourtant, à l'époque, beaucoup étaient résolus à changer et à mettre en œuvre ce changement dans le monde. On voyait dans cette pandémie le signal tant attendu pour se réveiller et se mettre en route pour vivre la grande bascule d’un monde à l’autre.
Certes, cette crise a changé beaucoup de choses dans nos existences individuelles et collective, mais en sommes-nous sortis grandis ?
Nous ne sommes pas revenus à notre vie d’avant !
Le virus a contribué à:
D’un côté, le virus a stimulé notre créativité et nos capacités d’adaptation. De l’autre, il s’est attaqué à tout ce à quoi nous étions attachés et avions besoin pour vivre : les relations humaines, les liens sociaux, la convivialité, le sport, l’art et la culture, l’expression physique de l’affection et de l’amour envers ses proches.
Il a contribué à fragiliser de nombreux individus, à déstabiliser le système économique et des territoires, qui ont obligé les Etats à bâtir des plans de relance, dont les dépenses à grande échelle ont aggravé les déséquilibres sociaux et climatiques.
De prime abord, le « monde d’avant » s'en est trouvé renforcé. Il a trouvé dans ce virus les ressources qui lui sont nécessaires pour se maintenir. Le capitalisme extrême[ ](
épanoui sur le lit de la pandémie, en se nourrissant et alimentant le consumérisme fébrile et l’accumulation des « dispositifs » (ordinateurs, portables, objets connectés, etc) dont il a besoin pour orienter et modeler nos pensées et nos comportements, au service du système.Peut-on encore croire au « monde qui vient » et à un changement de pardigme ?
Ne cédons ni à la panique, ni à la pensée magique en croyant que « Le changement, c’est maintenant. » Certains penseurs comme Marc Halévy rappellent que nous sommes en plein milieu d’une zone chaotique qui a démarré dans les années 70.
La crise sanitaire que nous vivons n’est qu’une des nombreuses manifestations de cette "chaotisation" du monde. D’autres épreuves, toujours plus lourdes, pourraient se présenter. C’est sous l’effet de ces multiples chocs que le monde pourrait enfin bifurquer et basculer d’un monde à l’autre.
Concrètement, quelle conduite tenir au milieu du chaos ?
La fin d’un monde, ce n’est pas la fin du monde. Mais à trop rêver du monde d’après, on en finirait par oublier que le monde d’avant n’est pas encore mort ! Tout en s’ouvrant à ce monde qui vient, il nous faut encore mourir au monde d’avant, à ce monde sans avenir. Si nous avons mis un pied dans le monde d’après, nous avons encore un pied dans le monde d’avant.
Il faudra sans aucun doute bien d'autres crises pour fissurer « la vanité, l’orgueil, le mépris de ce monde qui se suffit à lui-même » (Dominique Collin – Croire dans le monde qui vient). Et par là même ébranler notre propre suffisance, penser et voir les choses autrement, et adopter d'autres modes de vie.
Malgré les apparences, cette accumulation de crises pourraient bien être la chance paradoxale et l’opportunité tragique qu’il nous fallait ! Pour croire et nous ouvrir au monde qui vient.
Frédéric Rochet
©Frédéric Rochet ©2025
Frédéric Rochet
Gestalt-thérapeute du lien
Certifié CHAMP-G (Institut de Gestalt du Nord)
39 bd Magenta - 75010 PARIS
07.82.19.47.98